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B24 STEW BUM B24 STEW BUM partie 2 B24 LADY BE GOOD Pont aérien sur Bron Septembre 1944 B-24 Missions sur Lyon (témoignages) B-24 Supply Missions to Lyon (testimonials)Pont aérien en B-24
Sur Lyon-Bron en Septembre 1944
Je ne sais pas qui exactement a eu l'idée de proposer la conversion temporaire de bombardiers lourds B-24 en avion cargo, mais je sais que le Colonel William L. LEE y a grandement contribué. Il a fallut très rapidement répondre à un besoin critique d'approvisionnement et convertir des avions et des équipages à une tache pour laquelle ils n'avaient pas été conçues et formés.
Le terrain de Bron était idéalement situé et offrait une piste juste assez longue pour poser des B-24 à pleine charge, le taxiway alors situé à l'Est permettait aux B-24 d'effectuer une boucle pour revenir se positionner au seuil de piste, parés pour le retour une fois déchargés.
L'ensemble du terrain (installations et piste) avait été endommagé au mois d'août 1944 (le 14) par des bombardiers B-17 du 44th Bombardement Group de la 8ème Air Force. Les Allemands avaient fait réparer la piste dans les jours suivants, puis avaient exécuté et enterré dans des cratères de bombes plus d'une centaine de prisonniers du fort de Mont-Luc (résistants, prisonniers politiques, Juifs).
C'est dans ce contexte d'horreur, avec la découverte de ces charniers, que le terrain de Bron sera officiellement rouvert le 6 septembre, repris par les forces françaises libres (FFL) avec l'appui des Alliés.
Tombé dans l'oubli pendant plus de 80 ans, cet événement qui s'est joué à la fin de l'été 1944 sur l'aérodrome de Bron a pourtant joué un rôle capital dans l'avancée des troupes Alliées, et a permis d'accélérer grandement la fin de la guerre.
C'est en effectuant des recherches sur mon bombardier B-24 'STEW BUM' échoué le 13 septembre 1944 à Saint-Étienne-Bouthéon que je vous présente le premier pont aérien d'ampleur de l'histoire aéronautique.
Du 10 septembre au 22 septembre, plus de 300 vols de ravitaillements vont avoir lieu depuis l'Italie du Sud. Mise en oeuvre par la 15ème Air Force, la conversion de bombardiers lourds B-24 en avion cargo se fera dans l'urgence, en démontant les tourelles ventrales et en remplissant les avions de bidons, ainsi que de munitions et de bombes désactivées. Ils devront avoir un équipage complet ainsi qu'un ou deux hommes du personnel de maintenance au sol pour aider à décharger à destination.
Après parfois plusieurs dizaines de missions de guerre où ils ont vu de nombreux camarades disparaître, ces missions sont une pause plus que bienvenue pour les équipages et offre aussi la possibilité de poser enfin le pied en France.
Pour les Lyonnais, c'est un spectacle incroyable et tellement positif, après des années d'occupations, on respire enfin. On veut voir en vrai ces soldats alliés qui arrivent enfin.
Il y aura des accidents, mais avec le recule, cette opération s'est exceptionnellement bien déroulée.
Vous allez découvrir qu'au milieu de cet aérodrome remplit de nombreux avions de chasse (Spitfire, P-51) et de chasseurs-bombardiers (P-47), anglais, français et américains, des personnages célèbres vont se croiser.
Le 10 septembre 1944 :
Première mission avec 18 B-24 du 451ème et le 18 B-24 du 461ème de bombardement. Un bombardier du 461ème (le #22 prend feu) et un autre se pose sans la roulette de nez. La météo est moyenne, le ciel est couvert sur Lyon. La population vient en nombre rencontrer ces Américains !
Le B-24 n°22, qui était piloté par le 1er Lieutenant Robert K. Baker, s'embrase sur le taxiway juste après son arrivée à l'aérodrome de Lyon-Bron lors de la mise en route du générateur type C-10 (un groupe électrogène embarqué). Les flammes se répandent rapidement dans l'avion, obligeant l'équipage à l'évacuer. Le Lieutenant Baker évacue par le dessus de l'appareil et saute sur le taxiway en béton... Il se fracture les os des talons.
Le 11 septembre 1944 :
Le 461ème envoi 18 B-24, le 484ème 36 B-24 (deux vagues de 18). La météo s'améliore franchement. Un B-24 reste à Lyon en raison d'une panne de régulation hélice.
Le 12 septembre 1944 :
Le 451ème envoi 18 B-24, le 461ème envoi 18 B-24, le 484ème 18 B-24. 12 avions du 484ème restent à Lyon et 2 se posent à Aix-Les-Milles en raison de la tombée de la nuit.
Robert Altman vient à bord d'un B-24 du 484ème, il prend plusieurs photos. Altman deviendra un réalisateur célèbre avec notamment le film M*A*S*H !
Photo de Altman prise en Juillet 1944 à Torretta. Il a 19 ans, il est gradé et membre de l'état major du 484th.
Altman est déjà un talentueux photographe, il réalisera plusieurs photos des équipages et bombardiers du groupe. Les missions de ravitaillement sur Bron lui permettent de participer activement à la guerre sur la zone de combat.
Il deviendra après la guerre et la fin de sa carrière de réalisateur, un membre de l'association des anciens du 484th, il résidait alors à Cagnes-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes.
Le 13 septembre 1944 :
19 B-24 du 461ème (5 resteront à Lyon), le 461ème envoi 18 B-24 (4 restent à Lyon, en Corse et en Italie). Pour le 484ème, sur les 18 B-24 envoyés, 9 retournent à Torretta, les autres se posent sur des terrains amis (Marseille et Istres), un est accidenté à Saint-Étienne (#73 Stew Bum).
Le ciel se couvre en milieu d'après-midi.
Un équipage se fait photographier après avoir terminé de décharger son avion, il s'agit de l'équipage de Bill Heath que l'on peut voir ici à Naples lors d'une permission en 1945 :
A l'arrière plan: Donaldson, Heath, Cutchin, McDonald.
Devant: White, Plarenas, Chandler.
Le 14 septembre 1944 :
Pas de mission.
Le 15 septembre 1944 :
William Wyler filme en couleur les B-24 à Lyon-Bron ! Wyler réalisera plus tard le film 'Ben-hur' avec Charlton Heston, il s'est rendu célèbre en 1943 en tournant le documentaire Memphis Belle, en effectuant 5 missions de guerre en B-17 sur la France et l'Allemagne. Il est accompagné de Karl Maslowski (qui deviendra un célèbre photographe animalier) et John Sturges (qui va réaliser La grande évasion avec Steve McQueen et les 7 mercenaires).
Il fait beau et chaud à Lyon, Wyler dispose de film en technicolor, grâce à lui les missions de ravitaillement à Bron prennent vie. On y voit le sourire de Jack Perz, face à la caméra, que sa petite fille Beth découvrira 80 ans plus tard.
Wyler au centre devant le B-17 Memphis Belle en 1943.
Des Spitfires anglais et français sont présents.
La dernière vidéo m'a été fournie par la SLHADA (Société Lyonnaise d'Histoire de l'Aviation et de Documentation Aéronautique) qui se trouve au fort de Bron, que je remercie grandement. Le commentateur indique que les B-24 se préparaient à ravitailler l'Italie, mais c'est en réalité l'inverse qui était réalisé...
17 B-24 du 451ème et 18 B-24 du 461ème sont présents, un B-24 du 461ème restera la nuit en raison de problème mécanique. 19 B-24 du 484ème font le trajet, 2 resteront à Istres au retour.
Il existe d'autres vidéos que j'espère récupérer prochainement...
Le 16 septembre 1944 :
Le 451ème envoi 18 B-24, le 461ème envoi 18 B-24, le 484ème 19 B-24. La météo se dégrade fortement, il pleut à Lyon et le plafond est à 500 m (1500 ft). La route pour redescendre sur l'Italie reste dégagé, notamment de Rome à Torretta.
Un B-24 du 484th sort de piste (le 15 ou 16 septembre), il s'agit du n°17, de la 824ème escadre (s/n 42-78456).
Le 17 septembre 1944 :
La météo est très mauvaise, des 18 B-24 du 461ème, 15 se posent à Marseille, 3 font demi-tour. Pour le 484ème, sur 19 B-24, un seul arrive à Bron, 9 font demi-tour et les autres se posent à Aix-Les-Milles, Marseille et Istres. Pour le 451ème, 2 arrivent à Bron, 10 sur 18 font demi-tour, 3 se posent à Istres et 3 à Aix-Les-Milles.
Du 18 au 21 septembre 1944 :
Pas de mission.
Le 22 septembre 1944 :
Le 451ème envoi 18 B-24, le 461ème envoi 18 B-24, le 484ème 18 B-24 (note : le 484ème envoi en même temps 9 B-24 à Istres).
Un accident notable est reporté, un chasseur-bombardier P-47 percute au décollage un B-24, il n'y a heureusement aucune victime à déplorer, mais les deux machines sont détruites...
Jusqu'à fin septembre 1944 :
De nombreux vols continueront, des avions qui étaient restés en panne à Bron retournent en Italie, d'autres du 484ème font des navettes entre Marseille et Bron pour continuer à acheminer de l'essence et des munitions. Le 484ème enverra également du ravitaillement sur Dijon à mesure que les troupes Alliées avancent sur l'Alsace et la Lorraine.
Début octobre 1944, cette parenthèse des missions de ravitaillement se referme et les équipages retournent affronter les chasseurs allemands et la DCA...
NOTE : Si vous disposez d'autres photos des missions de ravitaillement sur Bron, n'hésitez pas à me les transmettre, je les ajouterai sur cette page.
Si vous avez aimé découvrir l'histoire de ces B-24 en France, n'hésitez pas à me le faire savoir !